juva – présentation – la découverte
Nous sommes en 2020 et voila bientôt 3 ans que nous sommes installés dans le Lot entre gourdon et souillac et à quelques kilomètres de la Dordogne. Le jardin est grand et permet de garer quelques voitures…La météo est plutôt clémente et permet de patienter jusqu’à la construction d’un garage/atelier digne de ce nom. Après avoir achevé en 2019 la remise en état d’un land rover discovery 2 anglais qui servait de camion poubelle à des anglais rappelés sur leur île par le Brexit, je me suis dit qu’il était temps de chercher un nouveau projet de restauration. Jusqu’à présent, je m’étais un peu focalisé sur les 4×4 anglais, avec à mon actif un range rover VM et un série 3.
Mon idée de départ était de chercher un autre land rover, la région étant particulièrement squatée par de nombreux sujet de la reine, souvent installés dans le Périgord pour une retraite moins pluvieuse, et souvent venus avec des véhicules qu’ils revendent sur place. Mais entre temps, la côte des véhicules de cette marque a grimpé et est sortie de ma fourchette de budget consacrée aux loisirs mécaniques.
C’est donc déséspéré et désoeuvré que je parcours la région à pied ou en vélo pour oublier le manque de rouille, de vis et de boulons. En fin d’année 2019 mes promenades de santé me conduisent à 1 km de chez moi sur un chemin en forêt qui débouche sur un champ et une grange bien fatiguée. La porte de la grange m’attire, le conservatisme légendaire de l’agriculteur périgourdin me laissant penser qu’elle abrite peut-être un trésor.
Ni une ni deux, la porte n’est pas cadenassée, alors j’ouvre. Et je tombre sur çà:
j’ouvre un peu plus la porte pour voir ça:
Un vieux tacot poussiereux qui d’un côté a retenu les gravas d’une cheminée effondrée et de l’autre sert de béquille à une charrette. Attiré quand même par l’odeur de rouille, de graisse et d’huile, je sors mon appareil photo et prend quelques clichés. De retour à la maison, je me dis qu’il faut quand même identifier le tas de ferraille pour se coucher moins bête.
Propagation du virus
Rien à voir avec l’actualité qui nous confine… Après de patientes recherches sur internet avec mes quelques photos, j’identifie la guimbarde:
une juvaquatre des années 50. Premier symptôme pathologique, je me dis que c’est une voiture qui a une sacrée bouille. Ignorant les premiers signes de la maladie, je repars sur le web en quête d’un land à rénover.
En début d’année 2020, mes promenades hivernales me conduisent à nouveau vers la grange au fond des bois, alors que je suis en train de m’arracher les cheveux avec un béotien qui vend sur le bon coin un land rover discovery de première génération qui ne démarre pas et à qui j’ai envoyé une liste de diagnostics à faire avant de me déplacer, mais qui manie la clé à molette comme moi le fer à repasser et ne sait donc pas comment vérifier et recharger la batterie. Une poussée de fièvre me pousse à ouvrir de nouveau la porte et cette fois je rentre, j’ouvre le capot et sans y penser, je dresse un état des lieux tout en prenant quelques photos.
Le moteur me semble minuscule, mais je constate qu’en dehors du bonchon de couvre culasse et du bouchon de radiateur, il est complet. Plutôt habitué aux vieilles voitures négligées avec en particulier la rénovation il y a quelques années d’un série 3 en piteux état, je ne laisse pas divertir par l’aspect peu engageant du compartiment moteur. Au passage je note toutes les infos des plaques constructeur.
J’essaye d’ouvrir une portière pour voir un peu l’intérieur.
Je constate tout de suite qu’il manque le compteur et le pommeau du levier de vitesses. En dehors de ça, état plutôt engageant pour un véhicule ayant servi de garde manger à tous les rongeurs de Bouriane (c’est le nom de la région autour de Gourdon).
L’intérieur est complet, il y a des banquettes pas encore complètement mangées par les souris. Les serrures fonctionnent, les vitres aussi. Les vitesses passent, et le frein à main n’est pas engagé car n’a plus de câble. C’est plutôt bon signe en matière de collage par la rouille des tambours.
Malgré tout, il y a des dégâts:
Le toit a réceptionné quelques pierres de cheminée mais n’est pas corrodé ou déchiré, et le côté gauche est enseveli par un effondrement… Contenu par une ancienne porte en chêne qui a peut-être préservé un peu la carrosserie. Le montant en chêne de la cheminée n’a pas fait de dégâts, ça tient du miracle.
Et là c’est la première poussée de la maladie: en refermant soigneusement la porte de la grange, je me dis « pourquoi pas rénover une juvaquatre ? »
De retour au logis, au coin du feu, je contiens la fièvre et, comme à mon habitude, je profite des bienfaits d’internet pour doucher mes illusions ou aggraver mon cas. Le type R2101 m’apprend qu c’est une dauphinoise, et je tombe sur quelques sites remarquables qui m’en disent long sur le sujet. Au passage, je dégotte un forum juvamical qui me semble bien accueillant… Les pièces mécaniques pour le ventoux sont disponibles à des prix abordables, la mécanique est simple, le virus s’étend.
Reste quand même un détail: la bête n’est pas à vendre et son propriétaire n’a pas laissé d’adresse dans la boîte à gants. Mais là, habiter au fin fond du Lot a quelques avantages: quelques questions aux voisins les plus proches avec qui nous avons sympathisé, et un nom se transforme en numéro de téléphone.
Je passerai sous silence les tractations, les attentes et les hésitations. Bref trois semaines à tourner en rond, à maudire le confinement qui rend compliquées les discussions et les négociations, sans parler de la maréchaussée qui vient même se perdre sur les routes secondaires pour veiller au respect des règles, ce que j’approuve malgré tout.
Mais bon, au final l’affaire est conclue le 10 avril, et il faut maintenant excaver la bête et voir si ses entrailles sont sauvables. Mais c’est une autre histoire…. A SUIVRE